Une perspective décoloniale sur le cinéma kurde

Engin Sustam

Présentation

Une perspective décoloniale sur le cinéma kurde

Ce livre se penche sur la narration des images du cinéma kurde liées à la guerre, à la violence, à la mémoire, à la lutte d’émancipation et à la révolte d’un peuple sans état dans la perspective décoloniale, tout en questionnant le contexte micropolitique de l’esthétique politique du cadrage et des séquences filmiques qui émergent dans la production d’images dans les espaces kurdes en tant que souvenir de la lutte collective d’émancipation. Le livre analyse différentes lectures périodiques de la mémoire et de l’archivage du cinéma kurde contemporain à partir des années 1970 à travers de nombreux films jusqu’aujourd’hui. Dans le contexte politique et culturel de la géographie kurde, la multitude d’images qui s’inscrivent dans le cadre cinématographique témoigne de la multiplicité des interprétations politiques du cinéma kurde, mais il convient ici de souligner tout particulièrement les expériences anticolonialistes. Le cinéma kurde, qui s’est constitué entre la Turquie, l’Iran, l’Irak, la Syrie (le Rojava) et la diaspora occidentale, possède une mémoire historique cinématographique politique qui s’étend au-delà des frontières : une contre-histoire transfrontalière du champs de l’art. Cette situation montre comment le cinéma des opprimés ou la résistance des subalternes s’inscrit dans une esthétique décoloniale, et comment une vaste épistémologie artistique kurde s’est développée dans le Moyen-Orient face aux structures unitaires étatiques et aux frontières. Le cinéma kurde, en tant qu’image fondatrice de l’époque politique de sa contemporanéité, s’incline devant les paysages géographiques décolonisés de son propre territoire, tout en acquérant une visibilité transnationale autour de la micro-mémoire du domaine sociale. En tant que champ artistique de l’esthétique relationnelle (sans aucun soutien institutionnel de la part d’un État), le cinéma kurde est devenu la caméra, l’image et la voix d’un peuple sans État agissant comme un narrateur racontant une histoire traumatisante. il s’agit de parler d’une intervention cinématographique qui s’inscrit dans la mémoire mutilée en s’aidant du récit de l’histoire oral (Dengbêj: Storytellers – Bardes). Cette situation reflète une chronologie qui s’étend de la caméra de Yılmaz Güney aux images de Skawkat Amin Korki et Bahman Ghobadi.
Ramina Books House, London, Octobre 2025